Oulan Bator, ville chantier ?

Avant mon départ, dans la lecture des récits de voyage en Mongolie et à travers les quelques discussions que j’ai pu avoir, il apparaissait clairement que la capitale mongole n’avait pas grand chose pour elle. En atterrissant à 5h30 le jeudi 26 septembre, j’étais prête à m’en faire ma propre opinion.

Oulan Bator, vendredi 27 septembre 2019.

Le trajet en voiture de l’aéroport à mon auberge se fait dans le mutisme : le garçon qui conduit ne parle pas anglais, l’onomatopée et la mimique qu’il émet quand je lui pose la question me font sourire. Je passe donc vingt minutes en silence, face aux lumières de la ville et du soleil levant. Première impression : Oulan Bator est une ville linéaire. Nous restons pendant dix minutes sur une même route absolument droite, sans virage, et bordée de dizaines d’immeubles en construction. Sur dix ou vingt étages, ces objets de bétons s’élèvent ça et là sans logique aucune, alors que les travaux semblent arrêtés. Comme des squelettes gris, dénudés, ils se dressent entre mon regard et les reliefs environnants. La linéarité tant verticale qu’horizontale est accentuée par un éclairage surprenant : une coulée de lumière verte fluo borde la route, sur des kilomètres.

Centre ville d’Oulan Bator,
jeudi 26 septembre 2019.

Nous arrivons enfin dans le centre ville et, bien que prévenue, je suis surprise. Tout semble être en chantier, ou à l’abandon. Cette impression est confirmée quelques heures plus tard alors que je découvre réellement la ville. Je visite d’abord le musée d’histoire avec Philip, un hollandais rencontré au cours du petit déjeuner et qui voyage à bord du transsibérien depuis deux mois ; entre objets préhistoriques, costumes traditionnels, récits historiques, portraits… je plonge dans l’histoire de ce pays que je traverse. Je parcoure ensuite la ville à pieds, à la recherche de son essence qui me semble encore insaisissable. Aucune harmonie ne règne, les habitants semblent pressés, les sourires n’affluent pas. La beauté d’Oulan Bator ne peut donc être évidente ; il faut la chercher, ou la laisser nous trouver. Je la rencontre dans de petits détails : l’humeur d’un regard, la poésie d’une ruine, une palette de couleurs… Je me laisse divaguer.

Centre ville d’Oulan Bator,
jeudi 26 septembre 2019.

Le vendredi, je me dirige dans les hauteurs de la ville vers le monastère Gandan Tegchenling, le centre des moines bouddhistes mongols. J’entre au gré du hasard dans la cour d’un premier temple, en dehors du monastère, guidée par le rythme d’un chant. À quelques mètres de la porte, sans oser la franchir, j’observe le service religieux. Un homme me sourit, les yeux rieurs, et me fait signe d’avancer. Je lui souris en retour et m’assois au fond du temple. Je m’imprègne du moment. Le bruit et le mouvement sont partout : les chants, les instruments, les pas, les murmures, la distribution du repas. Autant de codes que je ne connais pas et qui soulèvent ma curiosité.

Plus haut, je visite le temple du monastère Gandan. Il est aussi coloré que le premier, mais bien plus grand et plus organisé. Lieu de formation, les enfants, adolescents, jeunes hommes et moines plus âgés participent ensemble au service. Gongs, tambours, sortes de cors, chapelets… le vocabulaire pour décrire cette scène me manque tant la pratique et les objets sont différents de ce que je connais. Les « fidèles», majoritairement des femmes, tournent autour des moines, apposent leur front contre les murs et les piliers, chapelets entre les mains. À l’extérieur, une sorte de grand encensoir reçoit des visiteurs qui en font le tour ce qui doit être un encens, ou des herbes, qui dégagent une fumée que chacun dirige vers soi et respire. Dans une autre pièce, les mains font tourner des moulins à prières. Je suis émerveillée par la multitude des gestes et des détails inconnus, incompris, mystérieux.

Monastère Gandan Tegchenling, Oulan Bator,
vendredi 27 septembre 2019.

Cette découverte de faits et gestes singuliers, ma curiosité dans les petits détails et mon émerveillement facile ne viennent pas parer cette réalité : Oulan Bator est une ville de l’entre-deux, et, comme quelqu’un me l’a dit dans mon auberge, la Mongolie est ailleurs. Direction le nord du pays et l’étendue du lac Khovsgol.

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